Myriam et Max le Curieux au pays des Troubles TND
- Myriam Bendhif-Syllas
- il y a 4 jours
- 7 min de lecture
Max, c’est comme un petit cousin. Un enfant qui rassemble bon nombre de personnes que j’ai pu croiser mais surtout pas mal de jeunes rencontrés dans la vie, dans les salles de classe et les rencontres d’écrivain.
Ils sont parfois très remuants dans leur corps ou seulement dans leur tête, certains l’affichent avec la rebelle attitude d’un pirate, d’autres tentent de se faire tout petits parce qu’on les a catalogués depuis belle lurette quand ils arrivent au collège. Souvent des garçons car les filles sont moins repérées mais elles sont tout autant concernées.
Heureusement que certains ont des copains et des ami.e.s qui les aiment comme ils sont, parfois même une famille qui accompagne ou un prof qui soutient.
Max, il est comme ça lui aussi, convaincu qu’un truc ne tourne pas tout à fait rond chez lui et ça grignote peu à peu son estime de lui-même. Et il n’a aucune idée de ce qui est sa meilleure part. Car dans le trouble, il y a aussi tout un volet incroyable de talents et de capacités incroyables qui ne demandent qu’à émerger.
Pour Max, ça arrivera dans un autre monde, le royaume des Mots, Lexilogos. Pour le champion des fautes qui déteste la grammaire, ce devrait être le comble mais l’aventure commence lorsqu’il oublie les étiquettes et se laisse être qui il est.
Il tombe dans une histoire plus dingue que celles qu’il apprécie, avec des objets magiques, des pirates fantômes, des complots d’archimestres, des monstres à deux têtes, un Passeur pas très simple, des combats épiques, de l’amitié et de la solidarité, des lettres qui se mélangent les voyelles, des vers géants qui détestent l’eau, des garçons qui ont la trouille et c’est même pas grave, des légendes mystérieuses, des filles qui n’ont pas besoin de princes mais d’amis loyaux, des énigmes, la 27ème lettre de l’Alphabet et des Mots plus Gros que les autres.
À propos de Max, je parle seulement de « trouble ». Lui-même évoque un « dysbidule » ou un « hypermachin ». C’est tout. Le reste, on peut le comprendre à travers les faits, sans mettre de longs et gros mots sur ce qui le concerne et sans fixer toute la longue liste des symptômes auxquels il peut être confronté. En revanche, je me suis concentrée sur l’un des effets de ces troubles : l’estime de soi dans les chaussettes.
Ce roman Max le Curieux, je l’envoie dans le monde, comme un messager plein de mots pour ceux et celles pour qui les mots sont parfois trop difficiles, pour ceux et celles qui se voient comme incompétent.e.s et insuffisant.e.s. et pour tous ceux et toutes celles qui n’ont pas encore les bonnes lunettes pour découvrir qui ils et elles sont. Vraiment. Là, au plus profond. Dans ce petit espace si puissant de leur cœur.
Mon domaine, c’est la fiction. Elle permet d’aborder maints sujets et de laisser chacun.e réfléchir et se laisser toucher par un personnage, son parcours... Mon récit est complémentaire des autres ressources existantes, réalisées par des professionnels engagés sur ces questions.
Ils et elles peuvent mettre des mots et des idées justes sur ces thèmes qui sont sur le devant de la scène de notre actualité et n’ont rien à voir avec une mode. Sérieux, on s’en passerait bien de devoir compenser des difficultés chaque jour, même en ayant d’autres talents !
Les enfants concernés et leurs familles rencontrent bien trop d’obstacles et de freins sur le chemin de reconnaissance de leur trouble, dans l’accès à un accompagnement ainsi que dans le monde scolaire. Les personnels n’ont pas la possibilité de se former, doivent personnaliser leur enseignement sans moyens décents et les AESH, profession ô combien précieuse, n’ont toujours pas un statut digne de ce nom.
Je recommande la lecture de Dys-moi comment t’aider de Mathilde Brasquer. Un ouvrage limpide, juste et accessible qui permet de saisir ce que sont et ce que ne sont pas les différents dys. Orthophoniste et présidente de l’association TREFF’l à 4 feuilles qui sensibilise à ces questions, elle pose les choses dans plusieurs formats, langages visuels et synthétiques, permettant à chacun.e de s’approprier les idées. Elle s’adresse aux adultes ET aux enfants. Elle amène une première série de ressources essentielles. J’aime l’idée qu’elle apporte que toute personne vivant avec un ou plusieurs dys est unique et possède ses ressources propres.
Cette première ressource est complétée par un second ouvrage intitulé Dys-moi comment t’enseigner. Il sera ma prochaine lecture. J’ai hâte d’y découvrir les propositions faites pour accompagner les enfants et pour aménager les apprentissages à leurs spécificités. Ma formation initiale de prof date un peu maintenant mais sur toute ma carrière, je n’ai suivi que deux jours sur la dyslexie par exemple.
J’ai beaucoup apprécié le podcast « Une vie de dys » créé par Elvire CASSAN. 4 épisodes amenant des témoignages aussi poignants qu’emplis d’espoir sur des parcours de personnes dys de tous âges. Ils sont associés à l’intervention de professionnels orthophonistes, éducatrice spécialisée comme personnel du monde médical et du monde éducatif.
Le focus y est mis notamment sur l’école et les difficultés à apprendre dans un système fondé sur l’écrit. L’estime de soi se trouve mise à mal par les situations parfois dures, par le « stress de la performance » et/ou les « troubles anxieux ». J’ai apprécié aussi les exemples donnés par les témoins, très imagés souvent sur leurs difficultés et les solutions qu’ils ont pu trouver. Le travail des associations est aussi mis en avant, elles œuvrent pour faire avancer formation, information et actions concrètes.
Sur le Tda/h, j’ai lu, vu et écouté pas mal de choses. Il y a Le manuel de L’Hyperactivité et du déficit de l’attention, un ouvrage dense et solide, réalisé par trois médecins spécialistes de la question. Il est intéressant de prendre leur point et de vue et leurs recommandations. Ce fut une première approche, une entrée en matière. Cela ne m’a pas suffi pour prendre en compte ma propre version du Tda/h.
Le Guide illustré d’Alice Gendron apporte un regard bienveillant et global sur ce que touche ce trouble dans le quotidien et elle parle en connaissance de cause, tout en s’appuyant sur des références solides. J’ai pu rire de mes oublis, de moi-même et de ceux de mes proches concernés. J’ai pu réaliser toutes les compensations inventives que j’avais pu mettre en place jusque là, sans me douter que j’avais ce trouble.
Je me suis crue rêveuse donc pas sérieuse, allergique au ménage donc paresseuse, plus motivée par les projets et les débuts donc pas persévérante… Bizarre, pas comme les autres. En effet, je suis atypique et j’adapte de nombreuses choses. Maintenant, je peux accepter certaines de mes particularités sans plus culpabiliser car je suis informée, je me connais de mieux en mieux. De tout cœur, merci Alice.
Ce livre est accessible aussi bien pour ceux qui découvrent leur trouble et pour leur entourage, que pour ceux qui ne sont pas concernés. Il a l’avantage d’être agréable pour tous, y compris lorsque l’on n’a pas forcément l’envie ou la possibilité de se pencher sur des ouvrages plus denses.
L’ouvrage de Diane Dulude, psychologue à Montréal, m’a amené un autre déclic. Elle y décrypte comment fonctionne un enfant concerné par le Tda/h et comment l’accompagner de façon très concrète notamment dans ses apprentissages, sa relation à l’école, et surtout sa relation à lui-même et aux autres. L’idée clé est de considérer ce trouble comme une force qui n’est pas équilibrée, pas maîtrisée encore et qu’il s’agira d’approcher et d’affiner comme telle.
J’y ai trouvé un écho à ma conviction profonde en tant qu’enseignante, qu’autrice aujourd’hui, mais tout simplement d’être humaine que toute personne recèle des trésors, souvent cachés. Du fait de son histoire, de son milieu parfois, de ses difficultés personnelles, d’un trouble, elle les a perdus en cours de route. Mais, il est toujours possible de les réveiller, de les voir en toute conscience et de les mettre en œuvre, pour soi et pour le monde.
Chez les enfants, ces trésors affleurent et ne demandent qu’à être reconnus pour s’épanouir. Lorsqu’un trouble est là, il faut y veiller avec plus d’attention encore. Et pour tous et toutes, découvrir ses forces, ses talents, non pour épater la galerie ou exercer un pouvoir sur les autres, mais contribuer au monde et s’épanouir. C’est le parcours de Max, « Grand Poseur de Questions ».
Élodie Crepel, Pascale de Coster, Laura Marie… m’ont chacune apporté un éclairage sur ces troubles, sur les hauts potentiels, la spécificité de le vivre au féminin, les ressources possibles pour s’emparer des apprentissages… Elles poursuivent leurs recherches et leurs partages d’informations et d’applications concrètes pour le plus grand bien de toutes et tous. Je suis leurs travaux avec intérêt et gratitude.
Ma dernière pépite est le travail d’Emmanuelle Pelletier dans Déficit de l’attention sans hyperactivité. Cet ouvrage me concerne ainsi que mes enfants. Tous les trois, nous ne manifestons l’hyperactivité physique que par un besoin de toucher des objets, bouger une jambe, dessiner pour mieux écouter… Nous avons été des enfants sages à l’école, de ceux qui ne se font pas remarquer. Mais cela cache pourtant un grand besoin d’activité physique comblé par le sport et une hyperactivité mentale débordante, parfois envahissante. Et si le déficit de l’attention est compensé par des capacités hautes, ces dernières ne suffisent pas à lutter contre l’ennui et une grande fatigabilité, à apprendre comme tout le monde et à emprunter les chemins balisés alors qu’il serait indispensable de découvrir des chemins de traverse.
J’ai été ravie de découvrir ce livre pour les personnes de notre profil, qui sont du coup, jugés trop rêveuses, ou incapables de fournir plus d’efforts. « Des capacités mais pourrait mieux faire ». Oui, c’est très vrai, mais seulement si l’on avait la possibilité de les exploiter autrement ces capacités…
Avec Max, aujourd’hui, je nous invite à arpenter ces chemins de traverse, à créer les plus beaux chemins pour nos cerveaux atypiques et pour être fiers de qui nous sommes.
Un de ces quatre, on parlera des copines autistes. Vous êtes si formidables.
Myriam Bendhif-Syllas
Conscience et Cœur grand ouverts, les pieds sur terre
Références :
Mathilde Brasquer, éditions de la Californie, - Dys-moi comment t’aider, 2023.
- Dys-moi comment t’enseigner, 2025.
Elvire Cassan, « Une vie de dys »
Martin Desseilles, Nader Perroud, Samuel Weibel, Le manuel de L’Hyperactivité et du déficit de l’attention, Eyrolles, 2020.
Alice Gendron, Le Petit Guide illustré du TDAH, Albin Michel, 2023.
Emmanuelle Pelletier, Déficit de l’attention sans hyperactivité, Dangles, 2016.
Diane Dulude, Le TDAH, une force à rééquilibrer, Du Cram, 2014.
Pascale de Coster, éd. Mardaga Pierre, 2025, - Le Tdah chez la femme,
- Le Tdah chez l’adulte.
- Le Tdah chez l’enfant.
Le docteur Jonathan Moussa a réalisé une thèse sur le tdah et forme des médecins généralistes sur cette question. Lui-même concerné, il apporte son expertise avec humour sur Instagram ainsi qu’auprès d’associations comme Typik’Atypik.
Laura Marie, orthophoniste, un site empli de ressources pour faciliter les apprentissages et la relation à soi : https://www.latelierdelorthophoniste.com/
Myriam Bendhif-Syllas, Max le Curieux, BoD, 2025. Roman 8-12 ans.
Isabelle Filliozat, Fabienne Cazalis, Zelda Zonk, Pareils pas pareils, Dys, Tdah, autistes… Comment fonctionnent nos cerveaux ?, Nathan, 2025. Documentaire jeunesse
Élodie Crepel, - Femme multipotentiels, Jouvence, 2023.
- Ma Famille atypique,





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